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Sécurité des soins Amélioration des pratiques
Publié le 23 septembre 2021 Modifié le 6 juin 2023
Auteurs
  • VHMN – user icon
    Catherine Stephan-Berthier
    Juriste direction juridique
Temps de lecture : 4 minutes

Le rôle de l’IAO dans le cadre de la prise en charge dans un service d’urgences

Le rôle de l’infirmière d’accueil et d’orientation (IAO) dans le cadre de la prise en charge dans un service d’urgences

Ce dossier concerne le rôle de l’Infirmière d’Accueil et d’Orientation (IAO) lors du « tri » des patients lors de leur arrivée au service des urgences. Ce travail de tri est un atout majeur dans la priorisation des prises en charge. Pour être efficient, il doit être réalisé par un personnel infirmier expérimenté et dans le cadre d’une relation de confiance entre l’IAO et le reste de l’équipe.

Les faits

Mademoiselle L, née en 1979, se plaint depuis plusieurs jours de douleurs à l’épaule, au bras, à la poitrine du côté gauche ainsi que d’essoufflements. Elle est conduite aux urgences le 30 mars 2008 et est accueillie par un agent administratif. Elle est, par la suite, reçue par une infirmière d’accueil d’orientation (IAO).

L’IAO, après s’être entretenue avec le médecin urgentiste indique à la patiente de retourner à son domicile, de consulter son médecin traitant et de se rendre à la consultation de chirurgie prévue, le 21 avril 2008, dans les suites de son intervention pour fracture du fémur.

Mademoiselle L est retrouvée décédée à son domicile le 1er avril 2008. L’autopsie réalisée révèle la survenue d’une embolie pulmonaire secondaire à une phlébite du membre inférieur gauche.

Le rapport d’expertise

L’expert mandaté relève que :

« La patiente s’est présentée au service des urgences. Elle n’a bénéficié d’aucun soin ni d’aucune exploration. Elle n’a pas été examinée par un médecin. Elle a été accueillie initialement par un agent administratif sans responsabilité de soin. Elle a ensuite été interrogée par l’infirmière d’accueil qui a reçu ses doléances et les a transmises au médecin urgentiste. Ce dernier, sans avoir vu ni interrogé ni examiné la patiente, décide de la renvoyer, lui indique de revoir son médecin traitant et se rendre à la consultation de chirurgie comme prévu, consignes dont il a chargé l’infirmière de les transmettre à Mademoiselle L.

Le décès de la patiente est dû à une embolie pulmonaire, secondaire à une phlébite du membre inférieur gauche compliquant à distance la fracture du fémur dont elle avait été victime le 21 octobre 2007 ».

Le jugement du tribunal

Le tribunal administratif retient la responsabilité du Centre Hospitalier. Il indique que :

« Mademoiselle L est décédée d’une embolie pulmonaire en rapport avec la migration d’un caillot sanguin provenant d’une phlébite du membre inférieur gauche survenue dans les suites d’une fracture du fémur gauche.

Elle n’a été reçue que par l’infirmière et non par le médecin malgré ses symptômes et la connaissance qu’avait l’établissement des pathologies à risque dont était atteinte la patiente (elle était suivie pour cette fracture ainsi que pour une maladie de Crohn).

Ce manquement relève une faute dans l’organisation et le fonctionnement du service hospitalier de nature à engager la responsabilité du Centre Hospitalier ».

Commentaires

Cette décision appelle plusieurs commentaires :

  • La mission des IAO est définie dans le Code de la Santé Publique à l’article D. 6124-18 qui dispose que « Lorsque l’activité de la structure des urgences le justifie, l’équipe comprend en outre un infirmier assurant une fonction d’accueil et d’organisation de la prise en charge du patient. Cet infirmier met en œuvre par délégation du médecin présent dans la structure, les protocoles d’orientation et coordonne la prise en charge du patient, le cas échéant jusqu’à la prise en charge de ce dernier ».
  • Le rôle de l’IAO est important dans la prise en charge des patients aux urgences. En effet, il consiste à recueillir les symptômes et à réaliser une sorte de « premier tri » d’orientation.
  • C’est notamment par ce biais que, par exemple, les suspicions d’infarctus peuvent être orientées vers des filières spécifiques de prise en charge prioritaire. L’infirmier d’accueil, qui de préférence est expérimenté, agit uniquement sur protocole. En tout état de cause, lorsque l’évaluation du malade sort des compétences de l’IAO, le médecin urgentiste doit lui- même réaliser l’évaluation du patient.
  • En effet, rappelons que le doute doit toujours bénéficier au malade, et que certains symptômes pouvant révéler des pathologies graves, doivent systématiquement faire l’objet d’une évaluation médicale directe.
  • Pour aller plus loin : un protocole de coopération national publié le 14 décembre 2019 au journal officiel. Ce dernier acte l’autorisation pour un infirmier ou une infirmière de prescrire une radiographie à un patient se présentant aux urgences pour un traumatisme simple et isolé de membre supérieur ou inférieur, mais uniquement si ce patient a plus de 16 ans ou s’il ne s’agit pas d’une femme enceinte.

En savoir plus

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