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Les liquides inflammables en établissement hospitalier
Souci majeur des chargés de sécurité, la gestion des liquides inflammables dans les établissements de santé est souvent rendue difficile du fait de leur utilisation quotidienne dans beaucoup de services et du manque d’information sur les dangers de certains produits.
Liquide inflammable, une notion revisitée dernièrement
Depuis 2009, un nouveau système de classification, d’étiquetage et d’emballage des produits chimiques est entré en vigueur : le règlement CLP (1). Il définit comme inflammables les substances et mélanges qui, à l’état liquide, ont un point éclair (2) inférieur ou égal à 60° (et non plus 55° comme indiqué dans le système préexistant).
Ce règlement européen introduit une nouvelle signalétique des dangers avec notamment de nouveaux pictogrammes :
Cependant, l’absence d’étiquetage ne signifie pas l’absence de dangers. Pour s’en assurer, il convient de vérifier la valeur du point éclair sur les Fiches de Données de Sécurité, transmises par le fournisseur pour toutes substances ou mélanges. Voici, pour exemple, le point éclair de certaines solutions hydro-alcooliques rencontrées en établissements hospitaliers :
- Bactiseptic : 20 °C ;
- Hibisprint : 16 °C ;
- Manugel : 23 °C.
Un danger bien encadré dans les établissements de santé
La réglementation incendie dans les Etablissements Recevant du Public (ERP) encadre particulièrement les conditions de stockage des liquides inflammables. Pour ce qui est des Immeubles de Grande Hauteur (IGH), ils sont soumis à un nouveau règlement de sécurité incendie.
Dans les ERP de type U (3), les produits dont le point éclair est inférieur à 55 °C sont interdits dans les circulations sur un poste fixe. La quantité de produits inflammables dans les locaux à risques courants est limitée à 3L. Au-delà, et suivant l’activité, les locaux devront respecter des mesures de construction spécifiques aux locaux à risques moyens ou à risques importants comme définit dans les articles CO 28 et U14 du règlement :
Q= Quantité de liquides inflammables, exprimée en litres, quelle que soit leur catégorie.
Dans les ERP de type J (4), les quantités de liquides inflammables étant moins importantes, les locaux contenant plus de 10 L de liquides inflammables doivent être traités comme locaux à risques moyen conformément aux articles CO 28 et J16.
D’autres textes, comme la règlementation des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement, peuvent être applicables notamment pour le stockage de carburant.
Une présence dans tous les services
L’ensemble des services d’un établissement hospitalier sont concernés pas les liquides inflammables soit du fait de leur stockage, soit à cause de leur utilisation.
Certains services hospitaliers détiennent un volume important de produit inflammable qu’ils stockent dans des conditions ou des locaux inappropriés bien souvent par manque d’information quant aux dangers liés aux produits. Ces stocks se situent principalement dans les services de pharmacie, laboratoires, magasin et services techniques. Les quantités de ces liquides dépassent bien généralement les volumes autorisés.
D’autres services quant à eux ne possèdent pas de stock de produits inflammables mais sont tout de même confrontés aux risques liés à ces produits. À titre d’exemple, en bloc opératoire, la préparation cutanée peut nécessiter l’utilisation de produits antiseptiques inflammables. Ceci, conjointement lié à l’utilisation d’un bistouri électrique, peut engendrer un accident relativement grave en enflammant le patient et en créant un incendie. À ce titre, l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé, anciennement AFFSAPS) a publié une note listant notamment les produits antiseptiques alcooliques utilisés en bloc (5). C’est pourquoi la formation sécurité incendie au bloc opératoire n’est pas une obligation, mais une nécessité.
Les volumes les plus importants de produits inflammables rencontrés lors de nos visites dans les établissements sont :
- les solutions hydro-alcooliques utilisées dans tous les services et généralement stockés en pharmacie,
- l’alcool modifié utilisé en pharmacie et laboratoires et stockés dans ces mêmes services,
- les produits antiseptiques alcoolisés tel que la Bétadine alcoolisée, utilisé par les services de soins et stockés généralement en grande quantité en pharmacie,
- les dissolvants, diluant et carburants (white spirit, acétone, alcool à bruler, essence…) utilisés par les services techniques et stockés dans les mêmes services ou au magasin général.
Nos conseils liés à l’utilisation et au stockage de liquides inflammables
En plus du simple respect de la réglementation, il est important de connaitre la répartition de ces produits pour déterminer si les conditions de stockages sont adaptées aux risques. Un élément essentiel à la une bonne gestion des liquides inflammables est la connaissance de la localisation, du volume et des utilisateurs de ces produits.
Dans la mesure du possible, il est conseillé de stocker les produits dans un local dédié, suffisamment ventilé et avec des rétentions adaptées à la quantité stockée. Dans le cas contraire, la mise à disposition d’une armoire sécurisée et ventilée, également avec rétention, peut être envisagée pour diminuer les risques. Dans tous les cas il faut s’assurer que ces produits soient bien isolés de toutes sources de chaleur et de source d’ignition.
Il faut également prendre en compte le fort risque d’incendie que représente la blanchisserie, et essayer autant que faire se peut de ne pas accoler le local de stockage de liquides inflammables à ce local.
En vue de réduire les stocks de ces liquides et donc les risques en cas d’incendie, la question de la substitution doit également se poser. En effet comme pour d’autres produits dangereux, il est important de savoir si l’utilisation est justifiée et s’il n’existe pas d’autres produits possédant les mêmes effets recherchés mais présentant moins de risques notamment celui de l’inflammabilité. Attention tout de même à ne pas remplacer un risque par un autre.
Si la thématique de gestion des risques d’incendie en établissement de santé vous intéresse…
La prévention des incendies ou des risques similaires (explosions, inondations…) est une thématique importante pour Relyens. Les articles suivants apportent des informations intéressantes sur ces enjeux de prévention :
L’information des utilisateurs est également très importante en terme de prévention des risques d’incendie. Il convient donc de sensibiliser le personnel par rapport aux produits qu’ils utilisent et de rappeler les consignes d’utilisation.
Le risque d’incendie lié uniquement à l’utilisation d’un de ces liquides inflammables étant relativement rare dans un établissement hospitalier, il n’en demeure pas moins qu’ils aggraveront amplement un incendie s’ils ne sont pas pris en considération.
Références
(1) Règlement CLP : (de l’anglais Classification, Labelling, Packaging), règlement européen appliquant les recommandations internationales du SGH (Système Global Harmonisé) pour la classification, l’étiquetage et l’emballage des produits chimique. Sa mise en application est progressive : 1 décembre 2010 pour les substances et 1er juin 2015 pour les mélanges.
(2) Point éclair : température la plus basse à laquelle un liquide émet suffisamment de vapeurs pour pouvoir s’enflammer au contact d’une énergie d’activation (flamme souvent).
(3) Type U : Etablissement de soins au sens du règlement de sécurité incendie pour les établissements recevant du public (Arrêté du 25 juin 1980 modifié).
(4) Type J : Structures d’accueil pour personnes âgées et personnes handicapées au sens du règlement de sécurité incendie pour les établissements recevant du public (Arrêté du 25 juin 1980 modifié).
(5) Alerte de matériovigilance concernant l’utilisation concomitante de bistouris électriques en présence d’antiseptiques alcooliques – Information de sécurité publiée par l’ANSM : Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (anciennement AFFSAPS).