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Protection des biens Amélioration des pratiques Analyse de risque
Publié le 2 juillet 2021 Modifié le 13 juin 2023
Temps de lecture : 6 minutes

Les formations incendie au bloc : une obligation et une nécessité

La réglementation en termes de formation incendie dans les hôpitaux s’appuie sur l’arrêté du 10 décembre 2004 article U47 qui stipule que des exercices de simulation doivent avoir lieu périodiquement dans les services afin de garantir une forte réactivité du personnel en cas de feu avéré. Malheureusement, force est de constater au cours de nos visites de risques que les formations sont difficiles à planifier dans ce secteur faute de disponibilité du personnel et du risque vis-à-vis de la prise en charge du patient.

Les spécificités architecturales et techniques d’un bloc opératoire

Conformément à la réglementation, article U10 de l’arrêté du 10 décembre 2004 relatif aux établissements sanitaires, les blocs opératoires (salles d’opération, salles de réveil et d’anesthésie et locaux annexes) sont divisés en compartiments pouvant atteindre jusqu’à 1 000 m². Pour mettre en sécurité les patients opérés, il faut donc prévoir un transfert dans un compartiment voisin, ce qui nécessite une interruption des actes chirurgicaux en cours.

Si le bloc opératoire est situé dans un Immeuble de Grande Hauteur, il faudra se référer au nouveau régalement de sécurité auquel sont soumis les IGH.

De plus, pour garantir une bonne qualité de l’air, les fenêtres sont bloquées en position fermée ou sont inexistantes et le système de désenfumage des circulations n’est pas mis en place. Par conséquent, l’extraction des fumées, contrairement aux autres secteurs de l’établissement, est très lente et difficile.

Un secteur propice au départ de feu

Dans les blocs opératoires, la majorité des départs de feu sont d’origine électrique notamment compte tenu du nombre important d’appareils constamment sous tension. La présence de comburants – liquides inflammables comme les solutions contenant de l’alcool (solution hydroalcoolique, antiseptiques…), l’oxygène – et de combustibles – stockage comme le matériel à usage unique – peuvent générer rapidement un incendie de grande ampleur.

En novembre 2015, le bloc opératoire du CH Dreux a subi un départ de feu. L’incendie a nécessité l’évacuation d’une partie de ses blocs.

En décembre 2015, la polyclinique de Rillieux-la-Pape a dû fermer ses blocs pendant 9 jours pour analyser et décontaminer le réseau d’aération et réparer l’installation électrique endommagée suite à un incendie. La perte d’exploitations de l’établissement a donc fortement été impactée.

Un autre phénomène peut se produire dans ce secteur et il est encore peu évoqué lors des formations car méconnu : il s’agit d’un départ de feu au niveau du champ opératoire sur un patient lié à l’usage de bistouri électrique dans une zone aseptisée par des produits alcoolisés.

La prévention incendie dans les blocs

Pour limiter le risque lié à l’électricité, la maintenance préventive est la solution. Celle-ci doit être effectuée tous les ans par un organisme agréé conformément au règlement de sécurité article EL 18. A cela, les assureurs recommandent la rédaction du compte-rendu Q18 lors de cette analyse pour connaître la conformité de l’installation et les éventuels points critiques constatés pouvant engendrer un risque d’incendie ou d’explosion nécessitant une intervention immédiate des électriciens de l’établissement.

formations incendie au bloc opératoire CPRD

Pour ce qui est du stockage, une procédure et un contrôle des commandes sont à mener pour limiter les combustibles présents dans cette zone. Les liquides inflammables en établissements de santé doivent être entreposés sur des bacs de rétention ou dans des armoires anti-feu. Enfin le local de stockage doit être traité comme tel : ses parois doivent être coupe-feu 1h minimum et disposer d’une porte à fermeture automatique (avec ferme-porte) équipée d’une affiche rappelant de ne pas laisser la porte en position ouverte.

Certains établissements ont obtenu la dérogation de disposer d’un asservissement à la détection incendie sur le dispositif de fermeture de ce local, ce qui facilite le va-et-vient des équipes dans ce dernier et évite l’usage intempestif des cales et autres moyens de blocage utilisés par le personnel.

Il faut également prendre en compte le fort risque d’incendie que représente la blanchisserie, et essayer autant que faire se peut de ne pas accoler le local de stockage de liquides inflammables à ce local.

Enfin, pour lutter contre un départ de feu de patient, les recommandations de bonnes pratiques émises par l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament) stipulent de veiller au séchage complet des produits antiseptiques et à l’absence de quantités résiduelles du liquide qui aurait pu couler sur le patient ou au niveau des draps de la table avant l’activation du bistouri électrique.

L’extinction dans les blocs

Dans le cadre de l’extinction incendie, les équipes soignantes s’appuient sur l’équipe de sécurité en place. Or l’intervention des agents de sécurité dans les blocs est ralentie. En effet, l’accès aux blocs étant restreint et dépendant d’une hygiène drastique imposée à toute personne pénétrant dans la zone, leur intervention se fait avec retenue, ce qui pénalise leur réactivité.

Par conséquent, le personnel sur place doit être conscient du rôle majeur qu’il joue dans l’extinction du feu.

Il est primordial d’en tenir compte dans les formations incendie tant en termes de contenu que de taux de participation du personnel de bloc. Or une enquête menée en Lorraine en 2013 a révélé qu’un anesthésiste réanimateur sur deux ne sait pas situer les extincteurs dans le bloc opératoire et encore moins le choisir et l‘employer.

Pour les feux de patients, il faut également former les équipes à ce cas et leur rappeler que l’extinction peut se faire sans extincteur : l’utilisation d’un extincteur CO2 risque de générer une brûlure par le froid (neige carbonique à -78°C) donc son usage direct est prohibé sur une personne.

L’aspersion de sérum physiologique ou d’eau stérile voire la pose d’un linge humide ou d’une couverture anti-feu sur le patient, avec une action conjointe de l’infirmière et du chirurgien peut suffire. Parallèlement, la manœuvre de la vanne de coupure des gaz médicaux est confiée à l’anesthésiste.

Pour conclure sur les formations incendie au bloc opératoire

L’organisation de la sécurité incendie dans les blocs est atypique et nécessite des formations régulières. Conformément à l’article U41 de l’arrêté relatif au type U, une procédure doit être formalisée spécifiquement pour les blocs précisant le « Qui fait quoi ? » selon les scenario d’incendie envisagés.

Doivent être clairement expliqués lors des formations du personnel de bloc :

  • la manipulation des extincteurs présents (eau pulvérisée et CO2) et les étapes d’extinction selon les scenario envisagés (origine électrique, au niveau de la zone de stockage, du patient),
  • la spécificité pour les départs de feu sur un patient,
  • la zone de mise à l’abri lors du transfert horizontal des patients présents au bloc au moment de l’incendie.

Si la thématique de gestion des risques d’incendie en établissement de santé vous intéresse…

La prévention des incendies ou des risques similaires (explosions, inondations…) est une thématique importante pour Relyens. Les articles suivants apportent des informations intéressantes sur ces enjeux de prévention :

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