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Prévention et santé au travail Absentéisme Employabilité
Publié le 24 avril 2024 Modifié le 2 mai 2024
Temps de lecture : 7 minutes

Prévention et santé mentale au travail : retour sur une expérimentation belge de la Fedris

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Les troubles liés à la santé mentale au travail représentent aujourd’hui la première cause des arrêts de travail longs de plus de 30 jours. 48 % des salariés, dont 17 % de manière très élevée¹, se trouvent en situation de détresse psychologique. Ce phénomène important n’épargne aucun secteur, les collectivités locales et les établissements de santé et médico-sociaux sont notamment fortement impactés. 

Caroline Dendoncker de L’Agence fédérale des risques professionnels (Fedris) en Belgique nous présente une expérimentation mise en place en Belgique sur la prévention secondaire de l’épuisement professionnel.

Etat des lieux de la santé mentale au travail

La santé mentale au travail : de quoi parle-t-on ?

L’OMS définit la santé de manière générale comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».

Si nous nous intéressons plus particulièrement à la santé mentale au travail, il a été démontré par les sciences du travail que ce dernier est un facteur de construction identitaire majeur. Ce qui explique qu’un malêtre dans le travail, peut avoir un impact notable sur la santé mentale de la personne.

Les problématiques de la santé mentale au travail : cause et enjeux

Une défaillance au niveau de l’organisation du travail est le plus souvent le facteur déclencheur des problématiques de santé mentale au travail. Ces défaillances peuvent survenir dans la qualité de l’organisation du travail ou encore dans des carences de la politique de prévention des risques. 

Ces défaillances sont le dénominateur commun de ces nouvelles pathologies du travail, dont nous parlons de plus en plus ; l’épuisement professionnel étant la plus présente et qui devient un vrai enjeu de santé publique.

  • Un salarié sur 2 en détresse psychologique,
  • 7 salariés sur 10 qui attribuent leur mal-être au travail,
  • 2 400 000 personnes en risque de burn-out sévère.

Source 12ème baromètre Empreinte Humaine & OpinionWay

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L’enjeu pour l’employeur, va être d’instaurer un bon climat de sécurité psychosociale.

Un déficit de prévention en matière de santé mentale entraîne le plus souvent une rupture du contrat psychologique. Les conséquences sont rapidement perceptibles sur la qualité du travail, sur la productivité, sur la qualité du service rendu.

Un mauvais climat de santé psychosociale peut également se traduire par laugmentation de l’absentéisme. Il est donc important de se préoccuper des actions de prévention de la santé mentale au travail

Nos experts sont à votre disposition pour vous présenter les solutions de maintien d’un bon climat de santé psychosociale pour limiter l’absentéisme dans vos structures.

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Le projet pilote de prévention secondaire du Burn-out mené par Fedris : une expérience éclairante

En janvier 2019, l’Agence fédérale des risques professionnels Fedris en Belgique a démarré un projet pilote d’accompagnement de travailleurs menacés ou atteints à un stade précoce (stade 1 ou 2) par un burn-out en relation avec le travail.

L’objectif est de permettre au travailleur, un retour à l’emploi rapide et dans de bonnes conditions.

Caroline Dendoncker, Psychologue en charge du Projet pilote Burnout au sein du Service Soutien au Conseil Scientifique et Programmes Innovants de la Fedris nous parle du projet.

Dans quel cadre s’inscrit ce projet de prévention secondaire du burn-out ?

En Belgique, la question du bien-être mental fait l’objet d’une loi appelée « la loi bien-être au travail ». C’est dans ce cadre que L’agence fédérale a été mandatée par le ministre des Affaires sociales pour investir davantage la question de la prévention secondaire des troubles psychosociaux rencontrés au travail.

Les dates clefs de l’expérimentation

L’étude préparatoire a débuté en 2016 pour identifier les publics les plus à risque. Un des enjeux était de questionner la possible reconnaissance du burnout comme maladie, en lien avec le travail. Le comité de gestion de Fedris a arrêté 2 publics cibles à risque pour ce projet pilote : le secteur hospitalier et de soins et le secteur bancaire.

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Le projet a été lancé au niveau national en janvier2019. La collecte des données s’est déroulée jusqu’en décembre2022 pour une présentation des résultats en 2023.

Une sélection rigoureuse des dossiers pour burn-out

L’expérimentation se traduit par un « trajet d’accompagnement » proposé par Fedris.

Les deux principes de base de ce trajet d’accompagnement sont :

  • La gratuité et l’accessibilité. L‘objectif étant quil n’y ait aucun frein. 
  • La confidentialité. L’objectif étant que travailleurs osent faire cette démarche.

Le premier accès à l’accompagnement est réalisé par un médecin traitant, un médecin du travail ou un conseiller en prévention.

Un diagnostic est ensuite réalisé par un psychologue sélectionné par Fedris pour évaluer la question du burnout professionnel (tant sur ses composantes organisationnelles que sur ses composantes individuelles).

Enfin à la suite du diagnostic, une équipe des psychologues Fedris valide les droits d’accès à l’accompagnement. Dans les demandes qui sont parvenues à Fedris, il y a parfois eu des réorientations pour un autre type de trouble ou pour un burn-out déjà trop avancé et qui méritait un autre type de dispositif. 

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1421 demandes de travailleurs acceptées dans cette expérimentation.

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Une étude scientifique associée au projet pour assurer des résultats fiables

Une étude scientifique a été réalisée afin de constater si l’effet bénéfique de l’accompagnement perdurait dans le temps. Des mesures ont été effectuées sur trois temps : en début de parcours, à la fin de l’accompagnement et dans les 3 et 6 mois suivants.

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Caroline Dendoncker
Psychologue en charge du Projet pilote Burnout au sein du Service Soutien au Conseil Scientifique et Programmes Innovants de la Fedris

« Aujourd’hui, à l’issue de l’expérimentation, nos chercheurs ont sélectionné un échantillon de 223 dossiers parmi les 1 421 dossiers recueillis au total. 

Ces 223 dossiers permettent des analyses statistiques fiables Cet échantillon représente les personnes ayant répondu aux trois temps de mesure avec des données complètes. »

Caroline Dendoncker est revenue plus en détail sur la sélection des participants, lors de la webconférence organisée par Weka et Relyens le 21 mars 2024.

Pour en savoir plus, visionnez la webconférence.

Le trajet d’accompagnement : une approche combinée

Pour un effet à plus long terme, la prise en charge préconisée doit s’articuler autour de deux axes : l’axe travail et l’axe individu.

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En effet, si l’épuisement professionnel est lié au travail, les facteurs de risques personnels peuvent jouer un rôle dans l’émergence d’un burn-out.  

Dans l’accompagnement Fedris, l’intervenant coordinateur, appelé intervenant burn-out, va déterminer avec le travailleur les besoins les plus importants et la composition du trajet. A la fin du trajet, le travailleur aura une vision globale de ce qui a pu l’amener au burn-out et pourra engager les actions pour aller mieux.

L’objectif final du parcours d’accompagnement est le retour et le maintien à l’emploi. 

Les résultats de l’évaluation scientifique du projet Prévention secondaire du burn-out

L’efficacité clinique du trajet Fedris

L’évaluation scientifique a démontré l’efficacité clinique du trajet Fedris avec une diminution significative du nombre de personnes victimes de burn-out, de stress, de dépression et d’anxiété, et une amélioration ressentie notamment au niveau du bien-être général mais aussi du bien-être au travail. À noter également une diminution de la consommation de soins (consultations et médicaments).

Ce maintien de l’efficacité perdure jusqu’à 6 mois. 
Les chiffres de maintien et de retour à l’emploi sont également très bons. 81,9 % des personnes sont au travail après le trajet contre 45,3 % avant. Un chiffre conséquent qui montre qu’il est possible de remotiver un travailleur en arrêt.

Retrouvez l’ensemble des données de l’évaluation scientifique sur le site Fedris.

Un impact plus mitigé sur l’organisation du travail

Un impact plus mitigé a été constaté sur la perception par le travailleur des changements sur l’organisation du travail. Peu de changements semblent avoir été perçus par le travailleur tant en termes de style de management qu’en termes d’amélioration des conditions de travail.

Quelle sera la suite donnée à cette expérimentation ?

Ces résultats tendant à conseiller un élargissement des populations cibles et le passage à un programme de prévention de la santé mentale.

La détection des signaux faibles, 1re prévention de la santé mentale au travail

La prévention de la santé mentale au travail est un enjeu sociétal. Aujourd’hui, il est possible de détecter les signaux faibles.

A l’instar du projet de Fedris, il existe en France, un outil innovant et cliniquement prouvé de détection, de prévention et de prise en charge des troubles liés à la santé mentale et à l’épuisement professionnel. Cet outil développé par la société Holicare propose aux collaborateurs un autodiagnostic puis une prise en charge par des professionnels, des collaborateurs qui en ont besoin. 

Vous voulez en savoir plus sur les solutions pour accompagner vos collaborateurs sur les problématiques de santé mentale ?

Nos experts sont à votre écoute pour vous accompagner.

¹ Source Etude Opinion Way de mars 2023.

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