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Sécurité des soins Analyse de risque Gestion de crise Gestion des sinistres / réclamations Relations patient
Publié le 7 novembre 2023 Modifié le 19 décembre 2023
Temps de lecture : 5 minutes

Sécuriser les soins et les pratiques chirurgicales

Conseils et retour d’expérience de Pierre Raynal, gynécologue obstétricien au Centre Hospitalier de Versailles

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La sécurisation des pratiques chirurgicales repose sur une combinaison de compétences techniques et non techniques, d’une bonne communication entre professionnels de santé et avec les patients, et d’un travail d’équipe solide au bloc opératoire. Le Dr. Pierre Raynal, gynécologue obstétricien au Centre hospitalier de Versailles, nous livre son expérience et ses enseignements pour améliorer la sécurité des pratiques et des soins envers le patient, dont les facteurs clé de succès résident en partie sur l’humilité, la transparence et l’écoute de la part des professionnels de santé.

 

Avez-vous déjà été confronté à un événement indésirable grave ? Pouvez-vous nous confier votre expérience ? 

Dr. Pierre Raynal : « Quand j’étais interne, au cours d’une intervention, j’ai fait un geste technique qui n’était pas adapté et qui a conduit à des conséquences pour la patiente. On s’est rendu compte de ces conséquences deux jours après et la patiente a été réopérée. Mais on ne m’a pas signalé le problème. J’en ai été très frustré parce que je n’ai pas compris ce que je n’avais pas bien fait et quelles étaient réellement les conséquences de mes actes. » 

Quels enseignements tirez-vous de la gestion de cet incident ? 

Dr. P.R. : « Ce qui est vraiment très important quand on est dans ces situations, c’est d’informer et impliquer la personne qui est à l’origine de l’erreur, de manière à l’aider à améliorer ses pratiques. 

Idéalement dans cette situation, il convient de tenir informé l’opérateur qui est en cause et de lui proposer de participer à la prise en charge de la patiente, avec un autre médecin, de manière à partager le constat de ce qui a été fait, des conséquences, de ce qu’il faut faire pour améliorer la situation de la patiente. Cela permet d’avoir une approche critique. 

La chirurgie et de la médecine sont des exercices difficiles. Il faut être humble. Il faut accepter que l’on commette des erreurs. Faisons en sorte que ces erreurs n’aient pas de conséquences. Et pour cela construisons en équipe des barrières de sécurité. » 

En quoi le travail en équipe, notamment au bloc opératoire, est fondamental dans la sécurisation des pratiques ? 

Dr. P.R. : « Au quotidien, le travail en équipe est crucial pour le succès des interventions. 

Pour garantir un résultat optimal, il y a quelques clés : en premier lieu, faire un briefing avec l’équipe, écouter ses collègues et surtout en tant que médecin chef, ne pas parler en premier. Pour qu’une équipe s’améliore, au-delà de s’écouter, il faut se respecter, se faire confiance et considérer que l’autre souhaite bien faire. 

En moment de stress, de pression temporelle, quand il faut aller vite, faire bien, le partage au sein de l’équipe permet de prendre la bonne décision. 

De manière générale, le staff meeting [réunion d’équipe] est un temps essentiel. Il permet d’avoir une analyse en débriefing de ce qui s’est passé sur la garde et d’avoir un briefing sur ce qui va se passer dans la journée. Il est essentiel que chacun puisse s’exprimer, exposer son point de vue. Ce n’est pas parce qu’on s’exprime qu’on a raison, mais il est important de pouvoir le faire. Ensuite, on analyse le bien-fondé des propos et c’est muni de toutes ces intelligences partagées qu’on arrive à créer cette intelligence collective. 

Un autre élément fondamental, c’est savoir se poser des limites et les respecter. Pour faire vivre l’esprit d’équipe au bloc, il faut s’appliquer à soi-même ce qu’on attend des autres. La connaissance des compétences et des contraintes de ceux avec lesquels on travaille est également importante. » 

Quelles sont justement les compétences, en particulier non techniques, indispensables pour une bonne gestion des risques médicaux ? 

Dr. P.R. : « Les compétences techniques en chirurgie sont indispensables mais les compétences non techniques sont tout aussi importantes à maîtriser, dans tous les domaines de la santé. Et elles sont nombreuses :  

  • la communication 
  • la capacité de travail en équipe 
  • le fait d’être un leader, tout en même temps qu’être un suiveur 
  • maîtriser le concept de conscience de la situation 
  • savoir gérer le stress, la fatigue, avoir la connaissance des biais cognitifs 
  • maîtriser la gestion des conflits et des personnalités difficiles 

Il est indispensable d’être exemplaire sur ces compétences. Pour les développer, il est possible de proposer un compagnonnage adapté. Il existe également un diplôme universitaire « facteurs humains et gestion des risques en santé » dans certaines universités, ainsi que des ressources à disposition développées par des groupes tels que « Les enfants du facteur » qui reprennent d’une manière très pragmatique l’ensemble de ces compétences non techniques. » 

La relation avec le patient joue également un rôle primordial dans la qualité de la prise en charge des soins, qu’en pensez-vous ? 

Dr. P.R. : « Pour gérer la relation avec les patients, avant, pendant et après l’intervention, il faut avant tout qu’il y ait une relation de confiance partagée.  

Pour réussir une bonne communication avec le patient, je conseillerais avant tout de ne pas chercher à dominer, d’utiliser un vocabulaire adapté et d’écouter vraiment le patient. Être prêt à répondre à toutes les questions. Mais ne pas hésiter à dire qu’on ne sait pas. Et surtout rester transparent. 

Pour que les patients se sentent en confiance et soutenus tout au long du parcours de soins, il faut être tout à fait honnête avec eux. Si je fais une erreur je leur en parle. » 

Vous souhaitez en savoir plus sur nos recommandations visant à améliorer la sécurité des patients en obstétrique et savoir quels sont les deux autres risques liés aux soins identifiés par nos experts Relyens ?  

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