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Sécurité des soins Gestion de crise
Publié le 7 mai 2020 Modifié le 7 novembre 2023
Temps de lecture : 4 minutes

Césarienne en urgence

La césarienne en urgence est une opération redoutée tant par les couples que par les professionnels de santé. Afin d’être menée correctement, la césarienne en urgence doit bénéficier d’une préparation maximale et doit être parfaitement assimilée par les professionnels de santé.

La réalisation d’une césarienne en urgence dans les meilleures conditions, c’est-à-dire en permettant d’assurer la sécurité de la mère et de l’enfant, requiert une organisation optimale des établissements et le respect de délais d’intervention les plus contraints, du diagnostic prénatal en passant par l’accueil de la parturiente et l’information de la femme enceinte.

L’organisation du secteur de naissance

L’organisation du secteur naissance est fixée aux articles D. 6124-35 et suivants du Code de la santé publique. Elle est conditionnée au nombre de naissances annuellement recensées dans l’établissement dont les seuils ont été fixés par un décret du 9 octobre 1998.

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L’organisation ainsi établie depuis 1998 a vocation a être prochainement revue pour prendre en compte la profonde mutation de l’offre de soins dans ce secteur. Dans cette perspective, le CNGOF (1) , le CARO (2), le CNSF (3), la FFRSP (4), la SFAR , la SFMP (5) et la SFN (6) ont constitué un groupe de travail à l’origine de propositions d’évolution des ressources humaines pour les activités non programmées en gynécologie-obstétrique (7).

En tout état de cause, la réglementation régissant actuellement l’organisation du secteur naissance comporte plusieurs volets. Ces derniers impactent à la fois l’organisation matérielle et les ressources humaines affectées à l’activité, et sont définis en fonction du nombre d’accouchements réalisés annuellement par chaque établissement.

La salle de chirurgie obstétricale

Les dispositions de l’article D. 6124-41 du Code Santé Publique prévoient ainsi :

Pour les établissements réalisant moins de 1 200 accouchements par an, la salle d’intervention peut être hors du secteur de naissance mais dans 1 bloc opératoire du même bâtiment à proximité immédiate et d’accès rapide.

Notons que dans ce cas, il est nécessaire de prévoir 1 salle des urgences obstétricales toujours disponible.

Pour les établissements réalisant plus de 1 200 accouchements par an, la salle d’intervention (et une salle de surveillance post-interventionnelle) doit être au sein du secteur de naissance ou contiguë à celui-ci.

Si la salle d’intervention est seulement contiguë au secteur naissance, une des salles de travail doit être équipée pour pouvoir servir en cas de nécessité de salle d’intervention, notamment en cas d’accouchement dystocique.

Références

(1) Collège national des gynécologues obstétriciens français
(2) Club d’anesthésie-réanimation en obstétrique
(3) Collège national des sages-femmes de France
(4) Fédération française des réseaux de soins en périnatalité
(5) Société française d’anesthésie-réanimation
(6) Société française de médecine périnatale
(7) Société française de néonatalogie

La césarienne en urgence : délai de mise en œuvre

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La jurisprudence donne quelques indications dans l’interprétation qu’elle fait des délais acceptables pour réaliser une césarienne en urgence. Ainsi, il ressort des décisions étudiées et de l’analyse des dossiers, que sur le plan médico-légal, les experts peuvent généralement considérer un délai compris entre 20 et 30 minutes comme acceptable.

Il semble cependant que pour des prises en charge dans lesquelles une intervention en urgence apparaîtrait, dès l’arrivée de la parturiente, comme hautement probable (utérus cicatriciel par exemple), il serait difficile de justifier d’un tel délai.

En tout état de cause, comme le rappelle un article publié par l’Académie Nationale de Médecine « l’analyse du caractère adapté de la prise en charge d’une partutiente ne peut absolument pas se résumer à l’évaluation du délai décision-naissance en cas de césarienne urgente, et à notre sens, il n’y a aucun délai limite. Les délais fixés sont des outils indispensables à l’analyse du fonctionnement d’une équipe et ne correspondent pas forcément aux nécessités d’un dossier. En effet, il est par exemple possible qu’un enfant aille mal alors que la césarienne a été réalisée en moins de 30 min, soit parce que la surveillance du travail a été auparavant insuffisante, aboutissant à une prise de décision tardive ou inadéquate, soit au contraire parce que l’on avait affaire à une situation d’une gravité telle que, quelle que soit la rapidité de l’intervention, il n’était pas possible que l’enfant aille bien. Par ailleurs, dans certaines circonstances, chaque minute perdue constitue une perte de chance pour le foetus (1) ».

Aussi, il semble impératif de déterminer en concertation avec l’ensemble des professionnels du secteur naissance les conditions et délais d’intervention des praticiens participant à la permanence médicale.

Dans le même sens, la formation du personnel du secteur naissance à l’anticipation des situations à risques et le cas échéant à la préparation de la parturiente dès l’appel au gynécologue-obstétricien et/ou à l’astreinte chirurgicale en cas de nécessité de césarienne paraît essentielle.

Référence

(1) Césariennes urgentes non programmées : intérêt des codes couleur pour la gestion optimale des urgences obstétricales », RUDIGOZ, et coll., 24 juin 2014.

Nous vous remercions de votre intérêt pour le travail des experts Relyens : si vous désirez en apprendre plus sur l’Obstétrique, n’hésitez pas à consulter nos Recommandations en Obstétrique.

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